L’écriture de soi peut-elle dire l’histoire ?

Actes du colloque organisé par la BPI les 23 et 24 mars 2001 dans la Petite Salle du Centre Pompidou à Paris

« De l’écriture de soi à l’écriture de l’histoire, il y va d’une construction narrative. Pour autant, tracer une analogie ou même délimiter les rapprochements entre ces deux registres d’écriture n’est résolument pas le propos de ce livre.

Dire l’histoire : le récit historique suppose, entre autres conditions, une adresse, un destinateur et un destinataire. Cette adresse est complexe, destinateur et destinataire étant l’un et l’autre pluriel, mettant à l’œuvre différents réseaux d’interlocution, impliquant tout à la fois de multiples appartenances et le sol commun de l’appartenance humaine.

Dans quelle mesure l’interlocution interne, appelée ou attestée dans l’écriture de soi, participe-t-elle ou peut-elle participer à l’écriture de l’histoire ? La place du “je” dans la construction du récit historique sera ici interrogée du côté de l’écriture de soi, de l’expérience de soi dans l’écriture en tant qu’elle engage un face à face (assumé ou non) mettant en jeu la place de chacun au sein de l’ensemble humain.

La question se pose dans ces termes, au sortir d’un siècle marqué par des catastrophes humaines ayant amené à re-définir le témoignage, une re-définition prenant acte du besoin vital de la présence du passé. Elle est posée dans ce livre par des écrivains, des spécialistes de la littérature, des traducteurs, des historiens et des psychanalystes, qui donnent la parole à des textes délibérément très différents, de Camus, Duras ou Vigée à Chalamov, Primo Levi, Mishima, Naipaul et bien d’autres. »

Jean-François Chiantaretto