Psychanalyse et culture - L’œuvre de Nathalie Zaltzman
Avec les catastrophes génocidaires et leur projet de négation de l’appartenance humaine, dont la Shoah constitue la figure paradigmatique, le XXe siècle aura marqué une rupture au cœur même de l’idée de culture. C’est en se confrontant à cette violence que Nathalie Zaltman initie, à partir de sa pratique clinique, un véritable renouvellement de la psychanalyse. Revenant sur la théorie freudienne des pulsions de mort pour l’enrichir du concept de « pulsion anarchiste » (1979), elle dessine une approche novatrice de la négativité, au-delà de l’autodestructivité narcissique de type mélancolique ou de la haine narcissique de la culture suscitée par l’exigence collective de sacrifices pulsionnels. Dans cette perspective, la culture apparaît irrémédiablement traversée par une lutte entre la transformation (partielle) de la destructivité et la régression destructrice qui fait fondre dans la notion de « masse» l’individuel et le collectif. Dans ces temps troublés qui sont les nôtres, venant questionner de manière inédite la psychanalyse, on comprendra l’apport décisif de Nathalie Zaltzman : sa reformulation de l’approche psychanalytique de la culture en tant qu’elle modifie fondamentalement notre manière de penser tout à la fois la place de la psychanalyse dans la culture, et la place de la culture dans la psychanalyse. En revisitant le travail de la cure, les processus de la culture, les figures de l’exclusion et du mal, les différentes contributions réunies dans ce volume témoignent de l’importance et de l’actualité de son œuvre, internationalement reconnue.