psychanalyse clinique – JA – Janine Altounian

Le 3 mars 2020, le séminaire “Besoin de croire” accueillait Janine Altounian pour un échange sur son dernier ouvrage L’effacement des lieux Autobiographie d’une analysante, héritière de survivants et traductrice de Freud, paru aux PUF en 2019.

Réécoutez son intervention en podcast sur le site de la revue transculturelle L‘Autre :

Recourant à l’autobiographie et à la psychanalyse, Janine Altounian témoigne de son expérience d’analysante singulière, ayant travaillé d’une part à la traduction des survivants au trauma de l’effacement, d’autre part à celle des Œuvres complètes de Freud sous la direction de Jean Laplanche. Cherchant à traduire les traces d’une disparition d’une culture et de ses lieux afin d’en inscrire l’effacement, elle décline les conditions de cette traduction selon les trois perspectives suivantes :
– Une expérience d’effacement demande à être traduite dans la langue de l’autre pour s’inscrire dans le monde.
– C’est par ce travail de traduction que les héritiers d’un crime de masse peuvent subjectiver et transmettre leur histoire.
– Ce travail de traduction requiert plusieurs générations avant que ce qui a pu être « traduit » au « pays d’accueil » s’inscrive dans le champ culturel et politique de celui-ci.

Le séminaire est animé par Julia Kristeva (Paris 7), et Marie Rose Moro (Paris 5) avec Brigitte Moise-Durand et Daniel Delanoë. Des invités viendront présenter leurs idées et travaux au cours de l’année.
Ces séminaires ont été créés il y a 7 ans par Julia Kristeva en 2013¹dans le cadre de l’AIEP (Association Internationale d’Ethnopsychanalyse : www.transculturel.eu) avec le soutien de la Maison des Adolescents – Maison de Solenn (www.maisondesolenn.fr) de l’Hôpital Cochin/Université de Paris Descartes.

Argument

Pourquoi avons nous un tel besoin de croire à tout âge de la vie, ici et ailleurs ? Pourquoi les croyances des uns sont-elles considérées par les autres comme des illusions ou des utopies et les nôtres, parfois comme des vérités dont nous n’interrogeons même plus l’origine ? Pour Nietzsche « les vérités sont des illusions dont on a oublié qu’elles le sont ». Quels sont les ingrédients intrapsychiques, intersubjectifs et collectifs à l’origine de ces croyances et quelles fonctions intimes et relationnelles ces croyances remplissent-elles ? Nous interrogerons la nature et la genèse de nos croyances autour du sacré, de la parentalité, de la maladie, du malheur, de la parole… à partir de la clinique psychanalytique telle qu’elle s’actualise dans les cures individuelles et dans la clinique transculturelle de patients venant d’univers culturels multiples de J Kristeva et MR Moro. Nous chercherons à montrer que cette clinique peut être pensée en dehors même du cadre religieux, dans une clinique intime et païenne, une clinique psychanalytique contemporaine.

Bibliographie

Benhabib J. Après Charlie, Laïques de tous les pays, mobilisez-vous ! H & O ; 2016.
Freud S. L’homme Moïse et la religion monothéiste. Paris : Press ; 1939.
Godelier M. L’imaginé, l’imaginaire et le symbolique. CNR Editions ; 2014.
Gutton P, Moro MR. Quand l’adolescent s’engage. Radicalité et construction de soi. Paris : InPress ; 2017.
Hussein M. Les musulmans au défi de Daesh, Gallimard ; 2016.
Kristeva J. Pulsions du temps. Paris : Fayard ; 2013.
Moro MR. Nos enfants demain. Pour une société multiculturelle. Paris : Odile Jacob ; 2010.
Perelberg R. Violence et suicide. PUF.

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1- Manifeste culturel par Julia Kristeva, Libération du 28 juin 2013.