Philosophie
3 juillet 2020

Pratiques psychologiques, pratiques citoyennes – Engagement, aliénation et lien social

Les pratiques psychologiques sont des pratiques citoyennes et politiques. Ces pratiques s’inscrivent dans une société, répondent pour partie à une commande sociale, peuvent résister, voire s’opposer à des mouvements dominants de la société, participent à la reconfiguration du « vivre ensemble ». Cet ouvrage questionne ces dimensions des pratiques psychologiques : engagées et engageantes, impliquées et impliquantes. Place du politique dans l’élaboration du trauma, position clinique et pression sociale, pratiques psychologiques et travail de culture, la vie privée comme arène politique… sont quelques-uns des thèmes de ce livre. Les auteurs, sous la direction de Georges Gaillard, venus de la psychologie, de la psychanalyse, de la sociologie ou de la philosophie, explorent ensemble ces dimensions citoyennes et politiques. Un ouvrage novateur et un questionnement au coeur de l’actualité.

Contribution de Janine Altounian : "Place du politique dans l’élaboration du trauma".

28 juin 2020

Les Mots du génocide

Le langage est une arme de destruction massive. Utilisés, tronqués, et réinventés par les bourreaux, les mots stigmatisent les individus, les réduisent au rang d’animaux nuisibles, insinuent leur disparition, mettent en œuvre un processus d’élimination, et réfutent l’existence du génocide au moment où il est en train de s’accomplir. Pur négationnisme.

L’un des premiers à mettre en évidence cette utilisation du langage fut le philologue Victor Klemperer, entre 1933 à 1945, lui, juif allemand constamment menacé d’être déporté par les nazis. À l’écoute de la radio, lisant les journaux et livres qui véhiculaient l’idéologie nazie, Klemperer analyse la perversion d’un langage utilisé à des fins criminelles, et comprend ce qui se joue au sein du langage : la préparation des esprits à la destruction des juifs, et la mise en œuvre du génocide. Les mots tuent. Ils conduisent aux chambres à gaz et aux fosses d’Ukraine. Klemperer comprend que le processus de « purification » entrepris par les nazis, commence par une une distorsion du langage.

L’étude de Klemperer est le point de départ d’une réflexion plus large sur le rôle du langage avant, pendant et après les génocides du xxe siècles. Comparaisons et réflexions amorcées lors de plusieurs rencontres interdisciplinaires entre 2008 et 2009. Si les savoirs ont été convoqués, la parole essentielle des survivants était au centre des débats. Avec cette interrogation constante sur les mots «génocide», «guerre» et «témoins», et la volonté de retourner contre eux le langage pervers des bourreaux et des négationnistes, d’en expliciter les mécanismes.

Les auteurs réunis dans cet ensemble d’études et de témoignages apportent tous de nouveaux éléments de réflexion au débat commun, mais aussi dans certains cas, pour leur relation directe avec les événements dramatiques que nous étudions, puisque certains d’entre eux sont des rescapés ou des proches de rescapés du génocide, et portent une parole qui nous relie toujours au réel, aussi inimaginable soit-il: «oui, c’est bien arrivé, et cela pourrait recommencer demain.»

Voir page 37 - 50 : Entrée "Les mots absents" par Janine Altounian. Cet article fait suite à l'intervention que l'auteure a faite à une rencontre "Les mots et le génocide" organisée à Romainmôtier (Suisse) en 2008 par la Direction des affaires culturelles et sociales.

3 décembre 2017

Colloque international de l’INALCO du 7 au 11 décembre 2017 « Politique européenne d’accueil, éthique de la traduction »

Organisé par le Groupe SOS Jeunesse, le Centre d'étude et de Recherche sur les Littératures et les Oralités du Monde de l'Inalco, la Technische Universität de Dresden, en partenariat avec ISM Interprétariat, le colloque se déroule du 7 au 9 décembre à l'auditorium de l’Inalco et propose d'aborder un certain nombre de questions sur la politique européenne d'accueil : Que serait une éthique de la traduction appliquée à la politique européenne d'accueil des migrants ? Quelles valeurs, quels repères pourraient orienter la manière dont les travailleurs sociaux des pays européens accueillent la langue de l’autre ? Nous espérons que tous les panels, tous les intervenants pourront apporter des éléments de réponse à cette question.

Intervention de Janine Altounian, essayiste, co-traductrice de Freud en Français, le 7 décémbre : L’héritier de survivants, « migrants » des années 20, peut-il affronter les « migrants » d’aujourd’hui ? - A cette occasion, pour étayer son propos, elle diffusera deux extraits du Témoignage de Zépur Medzbakian, rescapée du génocide des Arméniens, livré dans un entretien avec Zoé Varier dans le cadre d'un reportage de Robert Fisk sur le génocide arménien, et diffusé le 11 mai 2005 et le 9 octobre 2006 sur France Inter dans l'émission de Daniel Mermet : "Là-bas si j'y suis"

1er extrait sur la déportation des Arméniens pendant le génocide  (durée : 8 mn)
 

2è extrait sur l'intégration des Arméniens en France après le génocide (durée : 11 mn) 

 

19 novembre 2017

Dictionnaire de la violence

Résumé
S’il y a un thème aujourd’hui qui ne cesse de provoquer des débats, autant en philosophie que dans les autres sciences humaines et sociales, c’est bien la violence. Le but de ce Dictionnaire est de donner tous les outils pour en penser les racines historiques, les manifestations contemporaines, la signification profonde.
Plusieurs questions fondamentales sont au cœur de ce Dictionnaire. Doit-on envisager une spécificité de la violence humaine ? L’idée de nature humaine est-elle pertinente lorsqu’il s’agit de réfléchir à la violence ? Peut-on penser un jour éradiquer la violence, comme l’espérait la philosophie des Lumières, ou doit-on accepter l’idée d’une ambivalence intrinsèque des êtres humains qui, soumis à des pulsions contradictoires, ne sont jamais totalement bons ou totalement mauvais ?
Parler de violence signifie aussi s’interroger sur les frontières qui existent entre soi et les autres et sur l’ambiguïté de sa propre existence ; porter un regard d’ensemble sur des pratiques qui vont de l’apartheid à la torture, de l’automutilation au viol, du colonialisme au terrorisme, mais aussi aborder la sexualité et l’inconscient, le passage à l’acte et l’inceste, le travail et la mort. Ces questions, si diverses, sont ici abordées de façon à constituer une analyse globale et renouvelée de l’objet « violence ».

200 auteurs (philosophes, sociologues, juristes, psychanalystes, historiens, théologiens, anthropologues) ont participé à ce Dictionnaire, unique et original, dont les 300 entrées dessinent une solide cartographie des notions et concepts clés, des penseurs et artistes, des références et travaux portant sur la violence, sujet au cœur de la nature humaine et de la modernité.

Article Traumatisme par Janine Altounian.