Intervention au jury de thèse de Martine Hovanessian : « Les Arméniens et la prégnance du lieu communautaire »
3 novembre 2019
Séminaire Filiations et Transmission, séance du 7 novembre 2019 – Animé par Carine Trevisan, Professeur de Littérature, Université de Paris, U.F.R. Lettres, Arts et Cinéma.
11 novembre 2019Le texte de l'intervention est publié dans le n° 102 de juin 2020 de Documents & débats, bulletin intérieur de l'Association psychanalytique de France.
Ma réponse à votre invitation sera en fait un hommage au travail analytique. Mon écriture, que j‘appelle « écriture d’analysante », retrace en effet une certaine élaboration de l’héritage traumatique d’un crime de masse, tandis que cet hommage met au jour, tout spécialement dans mon dernier livre/testament (L’effacement des lieux), les traces prometteuses de vie qu’aura pourtant laissées un passé mortifère et traumatisant. Écrit à la fin d’une troisième cure dont les deux précédentes, terminées respectivement en 1974 et 2010 m’avaient conduite, en 1975, à l’écriture et, en 1970, à la traduction de Freud puis à celle de ses Œuvres complètes sous la direction de Jean Laplanche, la thématique de la traduction occupe dans ce témoignage une place prépondérante, tant pour la traduction du mutisme des survivants que pour celle de leur empreinte dans le déplacement linguistique et culturel lors d’un éventuel transfert positif au « pays d’accueil ». Cette primauté de la traduction mise au service de la pulsion de vie chez les héritiers d’une rupture historique violente s'exprime aussi bien dans des passages autobiographiques proposés, en quelque sorte, comme des « vignettes cliniques », que dans des théorisations progressant « en spirale » au fur et à mesure des étapes de l’élaboration.
Janine Altounian, germaniste, essayiste, a été, de 1970 à 2012, co-traductrice des Œuvres de Freud sous la direction de Jean Laplanche. Née à Paris de parents arméniens rescapés du génocide de 1915, elle travaille sur la « traduction » de ce qui se transmet d’un trauma collectif aux héritiers des survivants.
Elle a publié les ouvrages suivants : « Ouvrez-moi seulement les chemins d’Arménie », Un génocide aux déserts de l’inconscient; La Survivance. Traduire le trauma collectif; L’écriture de Freud. Traversée traumatique et traduction; L’intraduisible. Deuil, mémoire, transmission; Mémoires du génocide arménien. Héritage traumatique et travail analytique; De la cure à l’écriture : L’élaboration d’un héritage traumatique; L’effacement des lieux. Autobiographie d’une analysante, héritière de survivants et traductrice de Freud.