Olivier Douville, psychanalyste, psychologue clinicien, Directeur de publication de la revue Psychologie clinique, maître de conférences et membre du Laboratoire CRPMS (Centre de Recherches Psychanalyse, Médecine et Société) de Paris 7 Denis- Diderot a publié récemment les Figures de l’Autre. Pour une anthropologie clinique, Paris, Dunod, 2014. Il présentera le dernier numéro de la revue Psychologie clinique, Migrants, réfugiés, la politique interroge la clinique.
Ce numéro de la revue qui est paru en 2017 est issu d’une demande que la rédaction de Psychologie Clinique a faite à l'équipe de Parole sans frontière de coordonner un dossier consacré aux nouveaux aspects de la clinique de l'exil, souvent marqués par des ruptures violentes d’avec le sol natal.
Mon propos est de montrer que lorsque les catastrophes de l’histoire entraînent ruptures territoriales et culturelles dans la transmission transgénérationelle, ce sont presque toujours les grand parents, s’ils survivent, qui, porteurs de tendresses meurtries et de cultures englouties, sont, souvent à leur insu, détenteurs également de vérités politiques subversives. Ils deviennent en cela des ancêtres qui, paradoxalement, « libidinalisent » leurs descendants en leur insufflant jeunesse, esprit de rébellion et conscience politique.
On mesure alors que les enjeux de la clinique sont interrogés par la politique. Les dispositifs cliniques sont aussi tributaires de la façon dont les thérapeutes et les autres professionnelles qui y travaillent prennent position par rapport aux discours dominants à propos de l'immigration, des réfugiés, des « sans-papiers », de la précarité, etc.) et sanitaires (à propos de la manière dont est désormais définie la santé mentale et les critères de normativité qui redéfinissent la souffrance sociale et la souffrance psychique).
Les cliniques de l’exil étant de plus en plus des cliniques qui rencontrent la réalité des exclusions et des déracinements violents, ne saurait être une clinique strictement inter ou intra culturelle. Le fait d’infléchir la notion d’écart culturelle ou d’étrangeté culturelle à toute rencontre entre un dispositif de santé et les personnes dites « étrangères » qui lui sont adressées rêvent à méconnaître avec un certain acharnement la façon dont les modes de vie, d’espérer, voire de souffrir de bien des exilés actuellement ne se réduisent pas à des compromis entre modernité et tradition, mais renvoient à la dimension de la légitimité d’exister et de trouver des points d’accueil dans nos institutions.
Ce numéro a l’ambition de maintenir vivante la prise en compte de l’inconscient dans cette clinique. Il fallait alors ouvrir des débats avec la façon dont sont pensés et mis en œuvre des dispositifs. Comment l’inconscient se faufile-t-il dans des situations d’interlangues ? Comment travailler avec des interprètes ?
Informations pratiques
Maison Suger | 15-18 rue Suger | 75006 Paris
16 mai 2017 | 11h-13h
Accès libre