Séminaire "Récits de filiation – Récits de transmission" dirigé par Carine Trévisan à l’Université Paris 7 Diderot
Récits de filiation – Récits de transmission
Intervention de Janine Altounian le 14 novembre
Dans ce séminaire annuel de recherche (Master de Lettres MEEF 2ème année) dirigé par Carine Trévisan (MCF HDR à à l’Université Paris VII Diderot où elle enseigne la littérature) on étudiera l'émergence au XXe siècle d’une forme nouvelle : le récit de filiation. Différent du “roman des origines” défini par Marthe Robert dans Roman des origines, origines du roman, ce récit ne met pas en scène un personnage de bâtard ou d’enfant trouvé mais d’héritier problématique.
L’interrogation, ou l’enquête, sur les figures des ascendants renouvelle ici les modes du questionnement sur soi qui sont au fondement de l’écriture de soi. A la question “qui suis-je ?” semblent désormais se substituer d’autres questions : de qui suis-je le fils/la fille ? Quels fantômes me visitent ?
On s’interrogera sur les raisons et les enjeux littéraires de ce changement : pourquoi la fabrique de l’identité se figure-t-elle ici dans un certain rapport à la transmission historique et familiale ? Enfin, quel est le rôle assigné à l’écriture, à la production du récit, dans la réflexion sur les liens de filiation, dans un siècle et une société où ceux-ci ont été mis à mal ?
Partant du constat de Freud selon laquelle le sujet mène une double existence, « en tant qu’il est à lui-même sa propre fin, et en tant que maillon d’une chaîne à laquelle il est assujetti contre sa volonté ou du moins sans l’intervention de celle-ci », on se propose d’examiner différentes constructions de la filiation, à partir d’études de textes littéraires – mais pas exclusivement. Renouvelant les modes et les formes de questionnement sur soi qui sont au fondement de l’écriture de soi, l’interrogation sur l’identité se figure de plus en plus fréquemment dans un certain rapport à la transmission familiale et historique. Comment expliquer le souci de ce détour par la généalogie ? Quel est le rôle assigné à l’écriture, à la production de récits, d’œuvres plastiques ou cinématographiques, de « constructions imaginaires » (F. Noudelman) dans la réflexion sur les liens de filiation ?
Une bibliographie sera distribuée en cours.
Le séminaire a lieu tous les mardis de 17h à 19h à Paris-Diderot.
Ancienne élève de l’École normale supérieure, Carine Trévisan est, aujourd’hui, professeur de Littérature à l’Université Paris 7 et en milieu carcéral. Elle est l’auteur de plusieurs études sur la Grande Guerre, notamment Les Fables du deuil : la Grande Guerre, mort et écriture (PUF, 2001, prix Henri Hertz 2002). Elle a aussi écrit de nombreux ouvrages, comme Aurélien d’Aragon le nouveau mal du siècle, des articles (Le survivant : un écrivain du XXe siècle ? Dire la mort, dire sa mort), ainsi que des préfaces de Victor Hugo à Stefan Zweig. Elle co-organise le Prix littéraire « Esprits libres », au centre de détention de Réau.