Psychanalyse, Lieux de Mémoire et Traumatismes collectifs
Contribution de Janine Altounian : "Face au négationnisme, rôle des instances tierces dans la vie psychique et politique des héritiers de survivants"
L’identité, tant dans sa dimension individuelle que collective, semble une construction et élaboration continue de mémoires qui sont accueillies dans des lieux qui, en tant que espaces où aller dans un va-et-vient, parcourent les vies des hommes pendant toute la durée. Se retrouver dans les lieux de sa propre mémoire semble une manière originale de traiter le sujet de l’”id-entité”; mais à ce point il faut tout d’abord le circonscrire: en introduisant un tiret, il faut prendre en considération le “id” (le ça), c’est à dire la dimension inconsciente de l’id-entité. Et donc, ce sont la psychanalyse, comme pensée sur l’inconscient, et les psychanalystes à qui on peut poser la question: “Peut la psychanalyse nous aider à comprendre ce dialogue entre lieux de mémoire et id-entité?”. Cette question s’inspire de deux différentes sources: l’importance des ‘biographies de l’inconscient’, ainsi que celle du partage de la mémoire, voire celle de l’acte de se souvenir, pour qu’elle maintienne sa significativité.
Après l'introduction de Giuseppe Leo et le chapitre "Le malaise du monde moderne, les fondements de la vie psychique et le cadre métapsychique de la souffrance contemporaine", écrit par René Kaës, la section "La transmission de la mémoire des traumatismes collectifs" comprend les écrits de Werner Bohleber (sur la remémoration en psychanalyse), de Janine Altounian ("Face au négationnisme..."), de Silvia Amati Sas ("L'interprétation dans le trans-subjectif") et de Sverre Varvin (sur le processus de déshumanisation, en particulier concernant notre relation avec les réfugiés). Puis, la section "Les malaises des civilisations du Moyen-Orient" recueille les écrits de Yolanda Gampel et de Mayssa El Husseini, et la section "Transmission du féminin, de la culture et malaises des civilisations méditerranéennes" les textes de Julia Kristeva, Anne Loncan, Rita El Khayat et Marie-Rose Moro.
L’historiographie est certes une revisitation critique du passé, aspirant à une image totale de celui-ci. Elle n’est pas sélective comme le sont les souvenirs personnels, sans avoir complètement le caractère de la fixité et de l’immutabilité psychopathologique qui ont les souvenirs traumatiques. Toutefois, ce qu’est irremplaçable dans l’acte de se souvenir, et en particulier dans celui de “se souvenir ensemble”, est la configuration d’un climat émotionnel unique, on dirait empathique, parfois même ambivalent. La communauté affective provoquée par l’acte de “se souvenir ensemble” devient symbolique d’un groupe donné car il se constitue à travers des personnes qui ont developpés chacune un itinéraire de différentes histoires individuelles au cours du temps, mais qui à ce moment-là réussissent à se reconnaître et à se réunir. Bien sûr parler de mémoire signifie aussi se mesurer avec le problème de l’usage que un certain groupe, détenteur d’un pouvoir politique ou économique, peut faire d’une telle mémoire.
Cette troisième édition du livre est dédiè à la mémoire de Predrag Matvejevic, un historien et écrivain qui a consacré beaucoup de ses oeuvres à la Méditerranée, et à Salomon Resnik, le psychanalyste d'origine argentine qui a beaucoup inspiré ce livre avec sa notion de "biographie de l'inconscient".
Histoire de la Méditerranée et psychanalyse sont les deux polarités de discussion des thèmes au centre du livre: l'identité et la mémoire collective. L'identité, tant dans sa dimension individuelle que collective, semble une construction et élaboration continue de mémoires qui sont accueillies dans des lieux qui, en tant que espaces où aller dans un va-et-vient, parcourent les vies des hommes pendant toute la durée. Mais, en introduisant un tiret, il faut prendre en considération le "id" (le ça), c'est à dire la dimension inconsciente de l'id-entité. Et donc, la question qui se pose est la suivante: "La psychanalyse peut-elle nous aider à comprendre ce dialogue entre lieux de mémoire et id-entité?".
Cette question s'inspire de deux différentes sources: l'importance des 'biographies de l'inconscient', ainsi que celle du partage de la mémoire, voire celle de l'acte de se souvenir ensemble, pour qu'elle maintienne sa significativité. Ce qu'est irremplaçable dans l'acte de "se souvenir ensemble", est la configuration d'un climat émotionnel unique, on dirait empathique, parfois même ambivalent. La communauté affective provoquée par l'acte de "se souvenir ensemble" devient symbolique d'un groupe donné car il se constitue à travers des personnes qui ont developpés chacune un itinéraire de différentes histoires individuelles au cours du temps, mais qui à ce moment-là réussissent à se reconnaître et à se réunir.
Parler de mémoire signifie aussi se mesurer avec le problème de l'usage que un certain groupe, détenteur d'un pouvoir politique ou économique, peut faire d'une telle mémoire. Cette vision dynamique et conflictuelle des mémoires collectives est susceptible, elle seule, d'ouvrir un débat sur les responsabilités de la mémoire, en définissant le rapport avec le passé en terme d'une élaboration collective, étroitement liée à la perception sociale des phénomènes actuels problématiques tels que ceux des identités collectives (identité de genre, ethnique, nationale ou locale) ou du préjudice vers les groupes 'autres'.