Ce numéro “Varia” d’Études arméniennes contemporaines revient sur les violences de masse perpétrées contre les Arméniens ottomans de 1894 à 1897, sous le règne du sultan Abdülhamid II. Longtemps restées dans l’ombre de l’historiographie du génocide de 1915-1916, elles sont ici de nouveau évoquées (après le double numéro thématique que nous leur avions consacré dans cette même revue — voir EAC10 et EAC11) à travers un essai de dénombrement des victimes des massacres du Sassoun (1894) et deux colophons de manuscrits syriaques. Des études patrimoniales et d’histoire urbaine évoquent également les demeures bourgeoises arméniennes de Bitlis et Mardin au tournant du 19e et du 20e siècles, ainsi que l’uniformisation des modèles architecturaux des églises diasporiques arméniennes érigées au Liban dans l’entre-deux-guerres, en référence à un archétype idéal (re)trouvé dans les églises médiévales du haut plateau arménien. Un article explore les possibilités offertes par la photogrammétrie à l'archéologie en Arménie. L'architecture est également à l'honneur dans les notes de lecture, à propos d'un ouvrage récent sur les Balyans, architectes arméniens des sultans ottomans dont le legs a été longtemps minimisé jusqu’à la période actuelle.
Le dernier numéro KAM/GAM (n°10, 2022), revue analytique et critique en langue arménienne fondée en 1980 à Paris par le philosophe, critique littéraire et traducteur franco-arménien Marc Nichanian avec l'objectif de traduire en arménien des textes et des travaux au centre de la pensée moderne, publie la traduction en arménien de l'article "En quoi la publication d’une « histoire littéraire » peut-elle être un événement psychique ? " : «ԳՐԱԿԱՆՈՒԹԵԱՆ ՊԱՏՄՈՒԹԵԱՆ» ՄԸ ՀՐԱՏԱՐԱԿՈՒԹԻՒՆԸ, élaboré à partir de L'Intraduisible. Deuil, mémoire, transmission paru en 2005.
La revue Psychologie clinique, créée en 1996, poursuit sa parution aux Éditions EDK. Dans le projet de défendre et d’illustrer la question du sujet et de l’institution, Psychologie clinique présente des dossiers consacrés aux cliniques de la fi liation, de l’identité, aux rapports du sujet à son corps et à son langage, aux effets des ruptures violentes de la culture et de l’histoire sur les subjectivités, et rend compte des innovations au sein des dispositifs cliniques et institutionnels et des recherches actuelles marquantes en psychologie clinique. Psychologie clinique prend place dans des débats contemporains scientifi ques et sociaux relatifs à la santé, l’enseignement et la recherche. Elle est ouverte aux praticiens et aux chercheurs en psychologie clinique et à ceux des disciplines proches, notamment la psychanalyse, la psychiatrie, l’anthropologie, la philosophie et l’histoire des sciences humaines. Article de Janine Altounian : "Un témoignage sur l’interrelation de l’élaboration du trauma et de l’environnement politique" in nouvelle série, numéro 53, Enjeux de l'exil: ouvertures pour la clinique, défis pour la politique.
Ce texte explique en quoi le parcours de ce que l'auteure appelle mon « écriture d’analysante » est grandement redevable à la laïcité de la France. En apprenant à séparer domaine privé et domaine public, la laïcité induit en effet chez le citoyen héritier d’un crime de masse une facilité à opérer les déplacements nécessaires à l’élaboration du trauma, notamment celui cherchant à traduire son origine traumatique dans la langue et la culture de son « pays d’accueil ». C’est pourquoi l'auteure soutient que la laïcité a une vocation thérapeutique qui « sauve » les héritiers de survivants de l’enfermement délétère du « séparatisme » communautaire.
Le dernier numéro KAM/GAM (n°7, 2020), revue analytique et critique en langue arménienne fondée en 1980 à Paris par le philosophe, critique littéraire et traducteur franco-arménien Marc Nichanian avec l'objectif de traduire en arménien des textes et des travaux au centre de la pensée moderne, publie la traduction en arménien de l'article "Un poète apatride des années vingt : Nigoghos Sarafian" paru en 2000 dans l'ouvrage de Janine AltounianLa Survivance : Traduire le trauma collectif : "Անհայրենիք բանաստեղծ, քսանական թուականներու «գաղթական»" (p.62).
Este número de Tópicos del Seminario está dedicado al estudio de la posmemoria, entendida como la transmisión de la memoria de la generación que vivió en carne propia un traumatismo colectivo a las generaciones siguientes. Basada en el diálogo entre distintas disciplinas, y partiendo del análisis de las experiencias históricas más diversas –el Holocausto, el genocidio armenio, las dictaduras de América Latina…–, esta reflexión conjunta se orienta hacia la conceptualización y la teorización de dicho fenómeno gracias a la identificación de sus fundamentos “invariables”, de sus alcances y de sus límites.
Del cuerpo al discurso, y de lo irrepresentable de la experiencia extrema a su posible elaboración, cada autor aporta pues elementos de respuesta al enigma de la posmemoria, explorando la zona en que ésta construye un universo de significación.
Janine Altounian L’intraduisible d’une transmission traumatique porté au champ transférentiel de la cure et de l’écriture
Texte de l'intervention de Janine Altounian invitée par l'APF aux soirées de l'association à Lyon le 21 novembre 2019. Paru in Documents & débats de L’APF, l'Association Psychanalytique de France, n° 102 de juin 2020, bulletin intérieur.
Ma réponse à votre invitation sera en fait un hommage au travail analytique. Mon écriture, que j‘appelle « écriture d’analysante », retrace en effet une certaine élaboration de l’héritage traumatique d’un crime de masse, tandis que cet hommage met au jour, tout spécialement dans mon dernier livre/testament, L’effacement des lieux, les traces prometteuses de vie qu’aura pourtant laissées un passé mortifère et traumatisant.
Écrit à la fin d’une troisième cure dont les deux précédentes, terminées respectivement en 1974 et 2010 m’avaient conduite, en 1975, à l’écriture et, en 1970, à la traduction de Freud puis à celle de ses Œuvres complètes sous la direction de Jean Laplanche, la thématique de la traduction occupe dans ce témoignage une place prépondérante, tant pour la traduction du mutisme des survivants que pour celle de leur empreinte dans le déplacement linguistique et culturel lors d’un éventuel transfert positif au « pays d’accueil ». Cette primauté de la traduction mise au service de la pulsion de vie chez les héritiers d’une rupture historique violente s’exprime aussi bien dans des passages autobiographiques proposés, en quelque sorte, comme des « vignettes cliniques », que dans des théorisations progressant « en spirale » au fur et à mesure des étapes de l’élaboration.
« Écrire pour les mères qui n’ont pas pu aller à l’école » par Janine Altounian, paru in « Écriture de soi, écriture de groupe »,n° 72 dela Revue de Psychothérapie Psychanalytique de Groupe,érès 2019, sous la direction de Alberto Eiguer, Bernard Chouvier.
Ce numéro donne la parole à des cliniciens qui organisent des groupes d’écriture dans un but thérapeutique ou d’accompagnement, et à ceux qui participent à des groupes afin de développer une activité littéraire. Le fait même d’écrire peut se révéler transgressif, voire destructeur, comme le constate M. Butor. L’écriture peut favoriser le narcissisme enclin à dépasser les limites du temps et de l’espace pour en venir au fantasme d’auto-engendrement si fréquent dans la démarche autobiographique. Il importe que les analystes étudient les mécanismes de fonctionnement de ces groupes d’écriture. Leur apport est d’autant plus intéressant que la groupalité est l’un des ressorts particulièrement dynamisants de l’acte d’écrire : contenance, sécurisation, soutien, inter-fantasmatisation, co-pensée, induction d’affects et émergence de ressources ignorées. Écrire est aussi rassembler, regrouper des idées, les transformer ; celui qui écrit creuse en lui, et, dans cette mobilisation, il se dédouble ; en se relisant, il devient l’observateur de ce qu’il a pu accomplir à partir de ses intentions premières. Si le geste d’écriture sollicite le rassemblement, c’est qu’il est inspiré, mobilisé, appréhendé par notre désir inconscient de nous regrouper.
Les personnes en situation d’exil qui recherchent une terre d’asile font l’objet de nombreuses analyses depuis les années 1990, que ce soit dans le champ du droit, des politiques publiques, ou encore des sciences humaines et sociales. Ces approches soulignent les nombreux obstacles, liés aux conditions juridiques et sociales de l’étranger (adversité de la vie en précarité, adaptation à de nouveaux codes sociaux et culturels, etc.).
Or dans un contexte d’actualité brûlant où la thématique migratoire, avec les nau-frages et les campements « sauvages » inondent les images proposées par les médias, plus rares sont les travaux qui explorent les processus de résistance. Face aux empêchements d’accès aux ressources matérielles, aux droits, aux soins, à la formation, au travail, à l’école…, aux assignations politiques et sociales, à la désubjectivation, peu d’écrits cherchent à repérer comme à construire les conditions d’une possible préservation d’un pouvoir d’action dans ces situations de vie qui ne laissent qu’une étroite marge de manœuvre au sujet.