Entretiens illustrés d'un reportage dans le domaine de
Jean Laplanche à Pommard. Avec la participation de
Janine Altounian (essayiste et traductrice de Freud),
Jean d'Ormesson (écrivain) et des psychanalystes
Serge Leclaire,
Guy Rosolato,
Jean-Claude Roland.
A ECOUTER : Intervention de Janine ALTOUNIAN à écouter à partir de 6'10, sa collaboration avec Jean LAPLANCHE à la traduction des oeuvres complètes de FREUD.
NOTICE ARCHIVES INA
Jean LAPLANCHE, l'auteur de "Vie et mort en psychanalyse" est l'un des derniers mandarins du freudisme, l'un de ceux que le courant électrique des années 60 a porté. Formé et initié par Jacques LACAN, il est aussi l'un des premiers à s'être opposé à lui pour fonder dès 1964, avec Jean-Baptiste PONTALIS, l'Association Psychanalytique de France (APF).
Cosignataire, avec Jean-Baptiste PONTALIS toujours, du fameux "Vocabulaire de la psychanalyse", classique des classiques, il est ainsi devenu l'un des piliers de l'histoire et de la géographie de la tribu freudienne. Il en a été sacré grand pédagogue, tout en déchaînant à son tour les orages qu'il avait apaisés, depuis la mise en oeuvre de la traduction des "Oeuvres complètes" de FREUD, aux PUF, à partir de 1988. Il y a chez Jean LAPLANCHE, mêlé en son temps à la revue "Socialisme ou Barbarie", un alliage particulier de tradition et de subversion. Scrupuleux de retrouver les termes de référence du vocabulaire initié par FREUD, il est prêt à passer outre la langue commune parlée par les psychanalystes français depuis cinquante ans. Et il est tout aussi bien engagé dans ce qu'il appelle un travail de "déminage du terrain" de la théorie freudienne : "La révolution copernicienne inachevée" (Flammarion 1992).
Mais Jean LAPLANCHE est surtout le plus balzacien des psychanalystes français. Et pour ce fils de vigneron, lui-même vigneron et fier de ses quatre quartiers généalogiques, Champenois du côté de sa mère, Bourguignon du côté de son père, le "Bon plaisir" va suivre sa double passion : passion de la terre balzacienne de l'enfance, passion de la langue freudienne, comme les eaux-mêlées, entre Beaune et Paris, la passion des origines. Beaune, le domaine de Pommard et ses vignes, où, on le devine, une sorte de mythe biographique, une sorte de mythologie personnelle, s'est édifiée, donnant à la vision du monde de Jean LAPLANCHE une coloration singulière : cette notion de saveur cultivée qui sans cesse s'élabore et dont on reconnaît dans l'après-coup le goût particulier, "la récapitulation d'une histoire ". Paris, "le mur et l'arcade", selon une formule de Walter BENJAMIN que Jean LAPLANCHE aime à citer : ces passages de la mémoire et de l'imaginaire, ces appels et rappels de la langue, où le thème du baquet, cher à Jean LAPLANCHE, va se former. Ce baquet symbolique, entrevu dans les foudres et les fûts de Pommard, d'où jaillit la vie et la mort. Un portrait éclairé par le récit de ses amis, qui tous évoquent à leur manière, une part de silence propre à Jean LAPLANCHE.