Composées d'un mélange de ciment et de résine, 3451 larmes de béton sont suspendues grâce à des fils d'acier. L'ensemble est maintenu en lévitation grâce à une structure ajourée en inox miroitant. Le motif décoratif découpé en creux dans le métal évoque ceux des céramiques orientales et sera décliné dans d'autres matériaux lors de la production de nouvelles oeuvres (
Datcha project), telle une histoire formelle du monde en perpétuelle réécriture. Une simulation virtuelle a permis à l'artiste d'adapter sa « dentelle » de larmes à l'édifice ancien en pierres de taille. Plongée dans une pénombre relative, la perception de l'installation varie en fonction du déplacement des visiteurs et de l'incidence de la lumière naturelle. D'environ 3m, l'ensemble fonctionne comme une projection volumétrique dans l'espace de ce motif décoratif en deux dimensions.
L'exposition Concrete Tears 3451 (Larmes de béton) - Chapelle de Vallauris, 2012
Dans le cadre de l'exposition Exils, les musées nationaux du XXe siècle des Alpes-Maritimes et la Réunion des musées nationaux-Grand palais ont proposé à Melik Ohanian de réfléchir à un projet qui pourrait prendre place dans la magnifique nef romane du musée national Pablo Picasso La Guerre et la Paix à Vallauris. L'artiste a choisi de présenter dans sa version complète une installation partiellement réalisée en 2006 à l'Institut d'art contemporain de Villeurbanne dans le cadre de l'exposition monographique Let's Turn or Turn Around. Intitulée Concrete Tears 3451, elle porte donc une double date (2006 / 2012) et signifie en français « larmes de béton ».Textes du catalogue d'exposition par Janine Atounian : « Des larmes entre l’art et le politique ».
L'exposition Les Réverbères de la Mémoire, une oeuvre à la mémoire commune des Genevois et des Arméniens - Genève, 2018
La Communauté arménienne et la Ville de Genève, par le biais de son Fonds d’art contemporain (FMAC), ont travaillé de concert afin de réaliser une œuvre significative et emblématique pour Genève. Celle-ci rend hommage aux liens privilégiés des Genevois et des Arméniens, ainsi qu’aux fragments de leur histoire partagée depuis la fin du 19e siècle. Le génocide de 1915-1917, perpétré par le pouvoir ottoman, a suscité une vive émotion et des actions de solidarité de la population locale, plaçant Genève et sa région comme foyer principal de la Communauté arménienne de Suisse. Votée à l’unanimité par le Conseil municipal de la Ville de Genève en 2008, la réalisation de l’œuvre est une contribution, dans un esprit d’ouverture et de dialogue, au droit à la mémoire des peuples blessés.
Son installation a été un long et sinueux parcours de plus de dix ans ; chaque étape de cette gestation a marqué et nourri l’œuvre, lui conférant plus de densité et de force. Le 13 avril 2018, en reconnaissance envers la cité, la Communauté arménienne offrira à la Ville de Genève cette œuvre emblématique, Les Réverbères de la Mémoire de Melik Ohanian, qui participe ainsi au rayonnement de la cité, tant sur le plan artistique qu’humanitaire.
"Depuis le début de ma réflexion sur ce projet, j’ai l’intuition que la proposition doit faire une place au texte. […] En relisant « La Survivance » de Janine Altounian, je me dis qu’il serait vraiment intéressant de travailler à partir de ces textes à caractère psychanalytique. […] Un hommage à l’analyse des effets du drame et du trauma… Rendre hommage à la « Survivance », cette notion, ce vivre avec… M’attarder sur les effets plutôt que sur le fait historique... Le fût devient le support de textes gravés qui portent sur les notions de trauma et de transmission de mémoire et choisis pour leur portée universelle." Mélik Ohanian