Colloque organisé par l'INALCO le 29 novembre : Politiques migratoires et enjeux cliniques de la traduction

Colloque : Politiques migratoires et enjeux cliniques de la traduction 

Argumentaire

Comment penser les différentes pratiques de la traduction en référence à la question migratoire ?

Le travail de traduction implique toujours une transformation à partir de différentes modalités d’encodage de l’information, de diverses pratiques d’organisation signifiante des objets du monde et de mise en expression sémiotique du dire. Intervenir auprès d’un public de personnes migrantes, confrontées à une problématique d’exil contraint, c’est se confronter à la question des possibilités de mise en récit d’une réalité marquée par la violence, la terreur, la mort et la fuite en avant.

Dès lors, traduire auprès de ces personnes n’est pas seulement trouver les mots, la gestuelle corporelle, les équivalents culturels. Il s’agit aussi de pouvoir rendre compte de la complexité d’expériences relevant de l’indicible, de la béance ou du silence accompagnant l’effraction traumatique. L’ouragan des violences à répétition et la massivité des actes ayant destitué le verbe, le traducteur tentera de découvrir les traces à peine décelables de la sidération dans le discours pour les traduire en mots et appréhender les vécus sensorimoteurs.

Traduire dans un contexte où est véhiculée la parole des personnes exilées, mais aussi plus globalement de tout sujet ayant été confronté à des formes de déshumanisation, est aussi pouvoir tenir un rôle de tiers, de témoin et de dépositaire de ce qui peine à s’entendre. Comment alors, dans le cadre d’un travail de traduction, faire exister une parole ? Et comment faire émerger dans l’écoute et la restitution du dire de l’entendu le sujet parlant ?
Ce questionnement nous semble d’autant plus fondamental que la pratique de la traduction touche tout corps de métier en contact avec les migrants, depuis les fonctionnaires des différentes administrations, autorités et instances de l’Etat, jusqu’aux pédagogues, didacticiens, enseignants et chercheurs portés par un idéal de transmission, de connaissance et de diffusion de savoirs, en passant par des professionnels du social ou de la santé, confrontés au besoin de traduction dans leurs interventions et consultations auprès de personnes victimes de torture, malades ou affaiblies par un parcours migratoire marqué par la précarité la plus extrême.
Dans le contexte des politiques migratoires actuelles mais aussi de leurs évolutions historiques, comment penser, interroger et adapter son intervention de professionnel en prenant en considération les besoins spécifiques des populations concernées par la médiation d’un travail de traduction ?    
Et comme le champ migratoire est un terrain privilégié pour des projections, angoisses, fantasmes … en lien avec le rapport de chacun à l’altérité, les enjeux cliniques de la traduction sont ainsi à entendre en référence à ce qu’un travail d’analyse autorise en termes de déconstruction de semblants-discursifs au profit de l’élaboration de ce qui reste non traduit, parce que difficilement pensé et de ce qui relève également d’une impossibilité structurelle à exprimer du fait du décalage entre parole et intention de dire.

Comité organisateur :
Houria Abdelouahed, MCF, HDR, Université de Paris
Christina Alexopoulos – de Girard, ATER, Université d’Angers
Frosa Pejoska-Bouchereau, PU, Inalco, PLIDAM
Thomas Szende, PU, Inalco, PLIDAM

Programme
 
Vendredi 29 novembre 2019
Salle 3.15
 
9h00 : Ouverture
Houria Abdelouahed, psychologue clinicienne, psychanalyste, Maître de conférences, HDR, Université de Paris et
Frosa Pejoska -Bouchereau, Professeur des Universités, Inalco, PLIDAM
 
09h30-12h00 :
Première séance sous la présidence de Frosa Pejoska - Bouchereau, Professeur des Universités, Inalco, PLIDAM
 
Rajaa Stitou, psychologue clinicienne, psychanalyste, Maître de conférences, HDR, université Montpellier 3, Laboratoire de Psychologie clinique, de Psychopathologie et de Psychanalyse EA 3278
La traduction face à l'étranger dans la langue
 
Arnold Castelain, psychologue clinicien en protection de l'enfance auprès des mineurs non accompagnés, Service L'Agenda, Groupe SOS Jeunesse
Présentation de l'ouvrage collectif  Traduction et migration : enjeux éthiques et techniques, Presses de l’Inalco, 2019 
 
10h30-10h45 : pause
 
Janine Altounian, essayiste et traductrice des Œuvres complètes de Freud
Le récit d'une expérience traumatique ne peut être entendu que traduit 
 
Christiane Vollaire, philosophe, chercheure associée au CNAM, membre du programme Non-lieux de l’exil, EHESS-Inalco 
Faire porter la parole des acteurs de l’histoire : quelle responsabilité pour une philosophie de terrain ?

Discussion avec la salle
 
Pause déjeuner
 
14h00-16h00 :
Deuxième séance sous la présidence de Safouan Majid, psychologue clinicien, psychanalyste, Service de Psychiatrie, Centre Hospitalier Robert Ballanger Aulnay-sous-Bois  
 
Mireille Guittonneau-Bertholet, psychologue clinicienne, psychanalyste, Maître de Conférences, Département d’Études Psychanalytiques, CRPMS, IHSS, Université de Paris
Quelle langue pour traduire le trauma ?
 
Christina Alexopoulos - de Girard, psychologue clinicienne, anthropologue, doctorante à l’Ecole Doctorale Recherches en psychanalyse et psychopathologie  de l’Université de Paris, ATER, Université d’Angers, BePsyLab
La traduction dans le travail clinique avec des migrants allophones
 
Houria Abdelouahed, psychologue clinicienne, psychanalyste, Maître de Conférences, HDR, IHSS, Université de Paris
La traduction entre le poétique et le politique. Un point de vue analytique.

Pause café

16h30-18h00 :
Troisième séance sous la présidence de Houria Abdelouahed, psychologue clinicienne, psychanalyste, Maître de Conférences, HDR, IHSS, Université de Paris
 
Frosa Pejoska – Bouchereau, Professeur des Universités, Langue, littérature et civilisation macédoniennes, didactique de la littérature et de l’oralité, Inalco, PLIDAM
Traduire la langue étrangéisée des exilés
 
Michèle Justrabo, professeur de Lettres classiques, traductrice littéraire de grec moderne
Identités et mémoires en péril : récits de l'expérience migratoire grecque
 
Discussion avec la salle
 
Clôture de la première journée
 
 
Samedi 30 novembre 2019
 
Amphithéâtre 4
 
10h00-12h30 :
Quatrième séance sous la présidence d'Ouriel Rosenblum,
psychiatre, psychanalyste, Professeur des Universités, Département d’Études Psychanalytiques, CRPMS, IHSS, Université de Paris
 
Emma Fiedler, Doctorante contractuelle en Anthropologie, Université Aix-Marseille - MMSH – IDEMEC (Institut d’Ethnologie Européenne Méditerranéenne et Comparative)
Après Babel, nationaliser les étrangers ? Administration de l’immigration légale et traduction
 
Alice Laumier, doctorante en littérature française à THALIM-Paris 3 et 
Tancrède Rivière, doctorant en littérature comparée au CERILAC-Paris 7
Présence-absence de la violence dans le contexte de l'accueil des migrants en France
 
Foued Laroussi, Professeur des Universités  à l’Université de Rouen Normandie, directeur du laboratoire Dylis - Dynamique du Langage in Situ
Traduction et interculturel dans le monde arabe
 
Zineb Fodil, psychologue clinicienne à l’EPSP d'AZAZGA en Algérie, doctorante à l’Ecole Doctorale Recherches en psychanalyse et psychopathologie  de l’Université de Paris
Entre parents et enfants : aspects psychiques et sociaux de la domination linguistique

12h30 : Clôture du colloque
Christina Alexopoulos - de Girard, psychologue clinicienne, anthropologue, doctorante à l’Ecole Doctorale Recherches en psychanalyse et psychopathologie  de l’Université de Paris, ATER, Université d’Angers, BePsyLab et 
Safouan Majid, psychologue clinicien, psychanalyste, Service de Psychiatrie, Centre Hospitalier Robert Ballanger Aulnay-sous-Bois 

 
Equipe de recherche : 
 

 

 
Débat: 
Politiques migratoires et enjeux cliniques de la traduction
Date: 
29/11/2019
Lieu: 
Inalco, 65 rue des Grands moulins 75013 Paris
Langue: 
français