Holocauste

Prix « Elise M. Hayman Award » 1997 attribué à Janine Altounian par The International Psychoanalytical Association (IPA) : « Honorary Lecture »

Lecture par Janine Altounian du « ELISE M. HAYMAN AWARD » décerné en 1997 par The International Psychoanalytical Association (IPA) à des travaux portant sur « holocauste et génocide ».
METTRE EN MOTS, METTRE EN TERRE, SE DÉMETTRE DES ANCÊTRES
Élaboration d’un travail de deuil chez une analysante héritière du génocide arménien de 1915

L’auteur présente son travail d’élaboration analytique et d’écriture sur la transmission psychique d’un trauma collectif: le génocide des Arméniens de 1915 chez les descendants des survivants. Il montre comment, au sein d’une telle communauté, l’incorporation des objets endeuillés, l’inefficience de l’interdit invalidé par le meurtre devenu loi, l’indifférenciation sexuelle... hypothèquent les processus de transmission. Il met en parallèle la condition déterminante du secret, dégagée par les historiens dans l’entreprise génocidaire, et le sentiment d’illégitimité qui marque la transmission de ce vécu de honte, interroge les modalités d’une telle filiation, le génocide de 1915, non reconnu par l’État héritier du crime, n’étant pas inscrit dans la mémoire occidentale.

Le recueil « Ouvrez-moi seulement les chemins d’Arménie » n’existe que par ou à cause de son noyau, le journal paternel de sa déportation, il peut être considéré comme la mise en perspective, mise en texte - un texte tenant lieu de sépulture dans l’après-coup d’une autre génération et d’une autre culture - d’un trauma collectif et individuel. Il témoigne aussi d’un rapport à l’École démocratique de l’autre, qui tient lieu d’instance médiatrice pour parvenir à resignifier, dans une mise à distance linguistique et donc nécessairement psychique, une expérience insoutenable à l’origine.

Le texte qui va suivre est ma « Honorary Lecture » du « Elise M. Hayman Award » attribué en 1997 à une « présentation de travaux concernant la question ”holocauste et génocide“ ».Il traite en l’occurence de la transmission psychique du double trauma collectif que constituent, chez les descendants des survivants au génocide des Arméniens - perpétré par la Turquie de 1915 - d’une part l’extermination de leurs familles, l’anéantissement du lieu de vie et des référents culturels de leurs ancêtres, d’autre part la dispersion, dans différents pays occidentaux soumis aux dénis et silences de la Realpolitik (Melson 1992), de leurs parents rescapés, dépouillés de tout étayage territorial et linguistique, de toute assise narcissisante pour leur survie psychique.

03/07/1997
The International Psychoanalytical Association
Prix IPA « Elise M. Hayman Award » 1997
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