Violence et récit - Dire, traduire, transmettre le génocide et l'exil

Dirigé par Marie-Caroline Saglio-Yatzimirsky, professeure des universités en anthropologie de l’Inde à l’Inalco, et chercheuse à l’UMR 245 CESSMA et psychologue à l'hôpital Avicenne (Bobigny), ce livre, publié aux éditions Hermann en décembre 2020, apporte une lecture inédite des récits de violence, en proposant un parallèle entre les violences génocidaires et les exils contemporains dans une perspective résolument pluridisciplinaire. Face au désastre, peut-il y avoir un récit ? Au sortir du camp de Buchenwald, à l’heure des dizaines de milliers de morts en Méditerranée, que dire, que traduire, que transmettre ? Le récit peut-il prendre forme lorsqu’il s’agit d’attester du mal et de la cruauté, dont la conflagration mine l’écrit ?
La violence empêche le récit lorsque les mots manquent radicalement pour dire l’expérience génocidaire ou exilique. Elle l’abîme, tant sa transmission et son écoute 
sont hypothéquées par le déni et le silence de la société qui le recueille. À travers l’étude de plusieurs formes de récits –  chroniques de ghetto, récits de guerre ou poèmes et fictions  – émerge l’inconscient de l’Histoire qui ne cesse de traduire les expériences de domination et de persécution de populations marginalisées. Comment décentrer la violence pour rendre le récit audible ? Les dispositifs d’écoute, d’interprétariat et de transmission se renouvellent. 

Avec la contribution de Janine Altounian : « Une impossibilité d’histoire en attente d’un possible récit » 

Les récentes publications de Marie-Caroline Saglio-Yatzimirsky articulent anthropologie, psychanalyse et clinique, et portent sur l’exil, le trauma et la culture.

  TABLE DES MATIERES  

    INTRODUCTION

 Marie-Caroline Saglio-Yatzimirsky - Dire le désastre : adresser et attester 

 PREMIERE PARTIE : Récits génocidaires : dire et transmettre le désastre 

Jean-Yves Potel - La violence de la faim, Le Journal d’Irena Hauser dans le ghetto de Lodz (1942)
Janine Altounian - Le génocide arménien, une impossibilité d’histoire en attente d’un possible récit
Soko Phay - « Je me souviens des premiers morts » de Rithy Panh, témoin-survivant du génocide cambodgien
Catherine Géry – Babi Yar : Le récit poétique et musical contre l’effacement
Florence Prudhomme – Les cahiers de mémoire – Rwanda, histoire et thérapie, récit et mémoire

 DEUXIEME PARTIE : Le récit des exilés contemporains : entendre le récit et interpréter le désastre

Eugénia Vilela - Les corps de l’errance. Récit, Violence et droit
Roberto Beneduce - Récits-frontières. Les « maux-à-mots » de la migration ou les calligrammes de l’histoire
Marie Vrinat-Nikolov - Sans terre et sans nom : les Turcs exilés de Bulgarie écrivent le « processus de renaissance » et « la grande excursion » (1985-1989)
Elise Pestre -  Troubles dans la traduction : quand l’interprète est mis à l’épreuve des récits de violences des sujets exilés
Hala Ghannam Trefi -  Faire le récit d’asile :  violence et médiation

 TROISIEME PARTIE : Les cadres du récit : soutenir le récit et résister au désastre

Laure Wolmark - Transmettre pour exister : la fonction des récits traumatiques
Bertrand Piret -  Spécificités de l’écoute psychanalytique de la violence
Christine Davoudian - Au sortir de l’enfer : réapprendre à parler
Raffaela Cucciniello -  La traversée des apocalypses culturelles : une clinique de l’exil
Alessandro Triulzi - Les mots pour le dire : un « cercle narratif » avec des arrivants somaliens à Rome