Paru chez Gallimard en 2020, dans la collection Folio Inédit essais, L’identité, Dictionnaire encyclopédique sous la direction de Jean Gayon, avec Virginie Courtier, Antonine Nicoglou, Gaëlle Pontarotti, Sarah Troubé, François Villa, et Jonathan Weitzman, se propose de revenir en amont d’une tendance qui galvaude un concept philosophique pour le mobiliser sur le seul terrain idéologique et politique, à un moment où les revendications identitaires sont légion. On ne saurait réduire la question de l'identité aux seuls problèmes des identités nationale, de classe, de genre, de race...
Qui suis-je ? Aucune discipline scientifique n’oserait à elle seule penser, affronter et circonscrire cette vieille question métaphysique… et enfantine. En mettant en œuvre une interdisciplinarité effective, les auteurs ont pour ambition d’éclairer l’énigme de l’identité personnelle, mais pas seulement. En effet, l’identité est à la fois le caractère de ce qui est même et de ce qui est unique, qu’importe l’objet. Pensée comme individuelle, elle serait tour à tour personnelle, psychologique, génétique ou narrative ; pensée comme collective, elle serait sociale, ethnique, familiale, genrée, linguistique ou encore nationale. À travers les différents regards exposés ici, le lecteur tracera son propre chemin dans les méandres de cette notion.
Janine Altounian : « Identité narrative et traumatisme ». p. 425.
« Ce dont tu hérites de tes pères, acquiers-le pour mieux te l’approprier. » écrit Freud. Omniprésente, la transmission croise mémoire et histoire, valeurs et savoirs. Mobilisée comme slogan, fétiche ou relique, elle est au centre d’une clinique du contemporain qui se manifeste en signes et symptômes individuels et collectifs.
Cet ouvrage collectif a été publié aux édtions italiennes Frenis Zero en juillet 2020 avec les contributions de René Kaës, Predrag Matvejević, Julia Kristeva, Marie Rose Moro, Janine Altounian, Silvia Amati Sas, Werner Bohleber, Mayssa El Husseini, Rita El Khayat, Yolanda Gampel et Anne Loncan.
Contribution de Janine Altounian : "Face au négationnisme, rôle des instances tierces dans la vie psychique et politique des héritiers de survivants"
L’identité, tant dans sa dimension individuelle que collective, semble une construction et élaboration continue de mémoires qui sont accueillies dans des lieux qui, en tant que espaces où aller dans un va-et-vient, parcourent les vies des hommes pendant toute la durée. Se retrouver dans les lieux de sa propre mémoire semble une manière originale de traiter le sujet de l’”id-entité”; mais à ce point il faut tout d’abord le circonscrire: en introduisant un tiret, il faut prendre en considération le “id” (le ça), c’est à dire la dimension inconsciente de l’id-entité. Et donc, ce sont la psychanalyse, comme pensée sur l’inconscient, et les psychanalystes à qui on peut poser la question: “Peut la psychanalyse nous aider à comprendre ce dialogue entre lieux de mémoire et id-entité?”. Cette question s’inspire de deux différentes sources: l’importance des ‘biographies de l’inconscient’, ainsi que celle du partage de la mémoire, voire celle de l’acte de se souvenir, pour qu’elle maintienne sa significativité.
Après l'introduction de Giuseppe Leo et le chapitre "Le malaise du monde moderne, les fondements de la vie psychique et le cadre métapsychique de la souffrance contemporaine", écrit par René Kaës, la section "La transmission de la mémoire des traumatismes collectifs" comprend les écrits de Werner Bohleber (sur la remémoration en psychanalyse), de Janine Altounian ("Face au négationnisme..."), de Silvia Amati Sas ("L'interprétation dans le trans-subjectif") et de Sverre Varvin (sur le processus de déshumanisation, en particulier concernant notre relation avec les réfugiés). Puis, la section "Les malaises des civilisations du Moyen-Orient" recueille les écrits de Yolanda Gampel et de Mayssa El Husseini, et la section "Transmission du féminin, de la culture et malaises des civilisations méditerranéennes" les textes de Julia Kristeva, Anne Loncan, Rita El Khayat et Marie-Rose Moro.
Paru aux Puf, dans la collection Le présent de la psychanalyse, dédiée à la publication de la revue de l'APF, l'Association Psychanalytique de France, dont il constitue le Vol. 3., Le refoulement en héritage, propose de revenir sur ce qui apparaît pour Freud « la pierre d’angle sur quoi repose l’édifice de la psychanalyse », le processus de refoulement.
Résumé
Que devient aujourd’hui, dans une perspective métapsychologique qui lui conserve sa part d’indéterminé, ce destin de pulsion s’affirmant aussi comme « procédé tout à fait particulier » et dont la théorie est, pour Freud, « la pierre d’angle sur quoi repose l’édifice de la psychanalyse » ? Comment, malgré lui ou grâce à lui se constituent les filiations analytiques, comment soutient-il un héritage culturel dans une conception de la tradition liée au meurtre du père ?
Le legs freudien contraint à examiner les conditions qui maintiennent l’actualité du refoulement, l’attraction puissante de la chose inconsciente, la fonction du contre investissement dans le refoulement originaire. Jusqu’à installer la tâche pratique dans la suite des mots de Freud (1937) : « La correction après-coup du processus de refoulement originel, laquelle met fin à la puissance excessive du facteur quantitatif, serait donc l’opération proprement dite de la thérapie analytique ».
Que serait une éthique de la traduction réfléchie à partir de la question migratoire en Europe ?
C'est la question qui traverse cet ouvrage dirigé par Arnold Castelain, publié aux Presses de l'Inalco, disponible en libre accès au format numérique, sur OpenEdition Books.
Quelles valeurs, quels repères pourraient orienter la manière dont les travailleurs sociaux des pays européens accueillent la langue des nouveaux arrivants ? Cet ouvrage, fruit de la collaboration étroite de professionnels du champ socio-médical et d’enseignants universitaires à travers l’Europe a pour ambition de problématiser une telle éthique.
Banalisée, éludée des réflexions et débats, la rencontre des langues n’étonne pas dans le travail social et clinique. Pourtant la pratique au quotidien le montre : pour surmonter les traumatismes et atteindre une forme de convivance humaine, il est essentiel de prendre en compte les phénomènes liés à la diversité de ces langues qui s’entremêlent dans la rencontre entre les migrants eux-mêmes, entre les générations, entre les migrants et les populations des pays européens, et avec les personnels spécialisés d’accueil. La multitude des langues, leur traduction et leurs tensions, leur mise en accord, sont autant d’enjeux décisifs dans ce qui peut devenir l’éthique d’accueil pour l’Europe.
Quelle place est donnée au traumatisme psychique dans les pratiques cliniques et psychothérapeutiques ?
Le psychotraumatisme est aujourd’hui pleinement reconnu dans son actualité, son environnement, sa temporalité et dans son histoire. Sensorialité, affects, narration, symbolisation… Les troubles traumatiques questionnent en profondeur l’engagement du thérapeute. Comment faire pour écouter et entendre, mais également éprouver et soigner? Comment s’engager et inventer dans chaque cas ? Le traumatisme est-il récent et violent, ancien et sournois ? Quel est l’impact sur le transfert et le cadre? Cet ouvrage aide à penser ces questionnements. Enfin, ce livre ouvre une réflexion sur les dispositifs cliniques dans leur variété individuelle, groupale ou collective, et sur le lieu où ils se construisent: dans le cabinet ou hors les murs, sur l’emplacement même du trauma ou à distance.
Un thème essentiel au cœur de l’actualité, qui intéressera tout clinicien !
Après les attentats du 13 novembre, comment prendre la mesure des après-coups ? Quels sont les retours sur certains suivis mis en place pour les victimes ? Quels sont les effets de quelques consultations d’urgence, mises en place sur site ou dans d’autres lieux ? Quel a été l’impact du traitement par des médias, les politiques et quels effets sur les professionnels du soin ?
La question du traumatisme extrême est au coeur de ce livre. Elle amène à se demander comment l’environnement peut avoir un effet protecteur ou aggravant sur la souffrance du sujet. Quel impact de la grande histoire sur la petite histoire de l’homme, la femme, l’enfant « victime » ? L’environnement : les proches, le social et le politique peuvent-ils favoriser l’intégration et la symbolisation du trauma ou au contraire le raviver ? L’intérêt est porté à la victime, mais aussi aux témoins et aux autres acteurs du drame. Que signifie être clinicien, soignants, psy… avant, pendant et après de tels événements ?
Avec cet ouvrage, les auteurs nous livrent le fruit de leur réflexion et de leur pratique suite aux attentats du 13 novembre. Il est destiné à tout clinicien et à tout citoyen.
Actes du Colloque de Cerisy dirigé par Jean-François Chiantaretto, Catherine Matha, Françoise Neau, qui s'est tenu en juillet 2016.
Les psychanalystes écrivent, du moins certains d’entre eux. Mais en quoi l’écriture les concerne-t-ils et les implique-t-ils spécifiquement ? La question vaut d’autant plus aujourd’hui, et sans doute davantage en France et dans l’aire francophone, que le recours à l’écriture chez les analystes connaît une diversification sans précédent de ses formes. Peut-être qu’en parallèle avec un certain abandon du modèle de l’application de la psychanalyse à la littérature, les psychanalystes seraient non seulement de plus en plus nombreux à écrire, mais aussi de plus en plus nombreux à chercher leur écriture : à chercher leur écriture en expérimentant de nouvelles modalités de croisements entre écriture autoréférentielle et écriture fictionnelle. L’enjeu est d’échapper à l’alternative, encore dominante : soit l’entrecroisement du témoignage clinique et de l’essai, soit l’adoption des formes littéraires consacrées, comme le roman ou la nouvelle. Sont ainsi conviés à penser, ensemble et séparément, des psychanalystes de divers styles et de différents courants, mais aussi des écrivains et des spécialistes du texte littéraire.
Actes du Colloque de Cerisy dirigé par Izabel Vilela avec la collaboration de Jackson Vilela qui s'est tenu du 10 au 17 septembre 2007.
Freud, pour bâtir son appareil à langage (notamment de 1885 à 1915), puise dans plusieurs domaines. Il s’inspire, largement, surtout dans le stade pré-analytique de sa pensée, de travaux portant sur le langage voire sur la linguistique. Au-delà de K. Abel et H. Sperber, il faut compter l’influence fondamentale et directe de B. Delbrück, ce remarquable linguiste allemand dont les idées sont très proches de celles de Saussure et qui s’occupe des effets du psychisme sur le langage. Delbrück inspire chez Freud, entre autres notions, celle — centrale — d’association libre. Mais l’intérêt pour le langage et la linguistique vient aussi à Freud par des voies indirectes: c’est le cas du linguiste H. Steinthal par l’intermédiaire du médecin aphasiologue A. Kussmaul. De l'appareil à langage freudien, la syntaxe de Saussure et Delbrück jusqu'à Lacan il aura suffi d’un pas: "l’inconscient structuré comme un langage". Entre le "mécanisme de la langue" (Saussure, Cours de linguistique générale, recherche sur les Anagrammes, etc.) qui inspire Lacan et le mécanisme des associations libres, les analogies sont remarquables. Dans ce contexte, qu’en est-il de Benveniste, Jakobson, Peirce, Pichon...?
A psicanálise e os lestes, vol. 1 é o volume inaugural de um projeto que procura esgarçar um espaço para ventilar e tensionar, a partir de balizas e referenciais diversos, o próprio balizamento linguístico-geográfico e suas consequências para a psicanálise e, eventualmente, outras disciplinas que nela possam reverberar. O intuito da série é trazer ao leitor brasileiro reflexões de autores de diversos países e orientações que escrevem sobre a sua clínica, a transmissão e as inscrições da coisa freudiana em diferentes contextos linguísticos, geográficos, políticos e culturais. As traduções são sempre diretas dos originais em que foram escritos os capítulos e, neste primeiro volume, colocam em cena Hungria, Argélia, Armênia, Rússia, Grécia e China.
Contribution de Janine Altounian : " O intraduzível entre os ecos cálidos e os ecos assassinos de uma mesma língua*" , * “L’intraduisible entre les échos chaleureux et meurtriers d’une même langue”, traduzido por claudia berliner. [a primeira versão deste texto — publicada em Cliniques méditerranéennes, n. 90. 2014/2. Paris: érès — foi revista e atualizada pela autora (n. do e.)]. L'article a été également publié en 2016 dans la revue de psychanalyse Lacuna sous le titre : "Traduzir o que não pôde ser dito".