Journée scientifique du 4 juin 2015 sur les "Violences collectives et génocides : l’après" organisée par l’ALFEST à l'Ecole du Val de Grâce à Paris
ALFEST, l'Association de langue française pour l’étude du stress et du trauma, organise le 4 juin 2015 à l'Ecole du Val de Grâce à Paris, une journée scientifique sur les Violences collectives et génocides : l’après. A cette occasion, Janine Altounian, traductrice et essayiste, interviendra sur « Le dégagement, au cours de la cure et par l’écriture, mais dans certaines conditions sociopolitiques, des pulsions de vie enfouies dans un héritage traumatique ».
Nous rencontrons souvent dans divers lieux d’aide aux victimes des personnes consultant pour des souffrances liées aux situations de violences collectives qui ont pour noms guerres, massacres collectifs ou génocides...
Questionner « l’après », c’est soulever quelques-unes des questions suivantes : Que deviennent les personnes impliquées dans les violences collectives ? Que transmettent-elles à leur descendance des blessures et des ressources mobilisées pour continuer à vivre ou à survivre, comment leur descendance reçoit cet héritage et agit sur lui pour en désamorcer la puissance mortifère et se tourner vers la vie ? Enfin dans quelles modalités créatives et avec quelles visées thérapeutiques les cliniciens peuvent-ils intervenir afin que les personnes portant les séquelles directes ou transgénérationnelles des drames renouent avec la vie et avec l’humanité ? Ou encore : comment tenir compte, dans nos interventions, du caractère collectif des agressions et des contextes culturels propres aux populations qui ont été violentées ?
Comme pour les violences individuelles, les réactions psychiques se vivent dans le registre du deuil et dans celui du traumatisme, selon que les destructions violentes ont été éprouvées sur le mode de la perte ou de la confrontation brutale au néant (rencontre du réel de la mort). Toutefois le caractère collectif des violences commises atteint directement la confiance des victimes dans l’être humain et, par là, renforce souvent la rupture avec la communauté humaine que provoque immanquablement tout traumatisme psychique résultant d’actes intentionnels de violence et qui rend difficile l’établissement d’un transfert de travail. Car le caractère collectif des actes violents pousse la victime à généraliser à l’humanité toute entière la perception de l’être humain comme déshumanisant, au sens où celui-ci peut vouloir anéantir la dimension humaine de ses semblables, telle qu’elle a surgi lors de l’acte d’agression. Ceci est d’autant plus vrai dans le cas des génocides qui se spécifient précisément de l’intention d’exterminer les membres d’une population et de la mise en œuvre systématique de cette volonté d’anéantissement. Dans notre journée de travail, nous ne nous limiterons pas aux séquelles post-traumatiques directes que les violences collectives ont générées.
Plusieurs de ces questions seront abordées au cours de la journée.
Ainsi Olivier Douville abordera la situation des enfants soldats lors des guerres africaines, il étudiera le mode d’embrigadement de ces jeunes, leur rapport à l’ennemi et à la mort. Il nous livrera ses réflexions sur la place possible pour la reconstruction psychique ensuite, en temps de paix. Régine Waintrater centrera son exposé sur la temporalité post génocidaire telle qu’elle se déploie au Rwanda, pour les victimes mais aussi pour les bourreaux et ceux qui ont laissé faire.
La transmission transgénérationnelle du traumatisme et ses abords thérapeutiques possibles sera abordée par Muriel Katz,Françoise Davoine et Janine Altounian. Muriel Katz nous présentera son travail clinique autour de la libre réalisation d’un arbre généalogique avec des sujets juifs rescapés survivants et descendants. Son exposé mettra en discussion les possibles répercussions du génocide sur la fantasmatique originaire. Françoise Davoine témoignera de ses consultations permettant une reprise thérapeutique des séquelles des traumas de la deuxième guerre mondiale sur les générations suivantes. De son côté, Janine Altounian montrera comment le travail d’écriture et son accueil dans une culture républicaine lui a permis de renouer avec les pulsions de vie enfouies dans un héritage traumatique. Enfin, Jean-Charles Paras nous présentera l’apport et les limites des juridictions pénales internationales pour les victimes des crimes de masse, ainsi que la place de plus en plus reconnue aux victimes dans ces procédures complexes.