Intervention de Janine Altounian : "Un héritage traumatique ne se met à parler que déplacé dans le temps et l'espace culturel".
DIRECTION : Denis DONIKIAN, Georges FESTA
La thématique contemporaine du métissage culturel et du retour au religieux recompose un territoire inédit, global où émerge le paradigme arménien. Dans cette optique, le colloque "Des origines et des conséquences des processus d'extermination" (Cerisy, 1993) a constitué un premier seuil: universalité du génocide, définitions nouvelles de l'être au monde. L'on peut parler d'un paradigme arménien en ce sens que l'objet Arménie focalise mythes et hantises historiques, déplie les avatars d'une destinée européenne et cristallise la tectonique des plaques Orient-Occident. L'on peut parler aussi d'un paradigme du sujet Arménien / Arménie au carrefour des influences, des transcendances et des engagements: féminisme, radicalité, intégration, éthique, témoignages. Cette situation nous invite à réfléchir, en l’étendant, à partir de l’Arménie et de ses voix et voies multiples, des Antilles au Vietnam, du Maghreb aux Amériques, à l’actualité des diasporas, et aux récits de vie. Récits de vie qui posent tour à tour des questions comme celle de la résilience, de la normalisation ou du métissage familial ainsi que les bouleversements que produit l’irruption d’identités nouvelles en particulier sexuelles, mais aussi là où l’histoire personnelle se heurte à l’histoire collective que ce soit dans ses désastres ou son évolution. Enfin, nous interrogerons le regard des autres sur cette société arménienne et sur les enjeux, compte tenu de ses spécificités, de sa création artistique.
Arménie : de l'abîme aux constructions d'identité