Le Collège de Psychanalyse Groupale et Familiale organise un congrès sur le thème : Sacrifier, être sacrifié, se sacrifier
Intervention de Janine Altounian : « Hériter d'une enfance sacrifiée »
Argument
Sacrifier, être sacrifié, se sacrifier
Les formes du verbe disent la complexité du processus sacrificiel qui, de plus, opère à plusieurs niveaux connectés entre eux : le sujet, la famille et le groupe, le socius.
Le sacrifice de soi déploie un vaste éventail de renoncements, depuis celui, au quotidien, de la mère qui se rend disponible pour le bébé, jusqu'au don héroïque de soi pour la cause commune, en passant par la vie amoureuse. Mais où s'arrête le don-contre-don par lequel le sacrifice ouvre la voie à la réciprocité positive ? Où commencent le sadomasochisme et l'emprise lorsque l'excès du sacrifice de soi impose sa dette à l'autre ?
Où donc situer la bonne valeur du sacrifice lorsqu'on se rappelle qu'il signifie, de tout temps, une des formes du rapport au sacré, aux puissances tutélaires (les dieux, le surmoi-idéal du moi, l'autorité) et que le sacrifice fait lien entre celles-ci, le sujet et son groupe tout autant qu'il accomplit un meurtre symbolique ?
Mais le mythe et le rite peuvent outrepasser leur fonction symboligène et devenir aliénation, destructivité. Sacrifier l'autre, être sacrifié par l'autre deviennent alors des agirs assujettissants. La paradoxalité fermée, la perversion narcissique, l'incestuel et l'envie seront revisités à la lumière du processus sacrificiel et de son approche anthropologique.
Le Collège de Psychanalyse Groupale et familiale - Paris